Le sac
Créé par jaclyn le 17 août 2018 à 17 h 42 min | Dans : Textes
Le chemin était désert. Le vent soufflait doucement de vieilles chansons oubliées. Les fourrés se balancaient de tous les côtés, secoués par cette brise légère. Le ciel était d’un bleu incroyable. Il avait plu pendant des jours avant qu’un tel ciel apparaisse, et tout le monde était réjouit qu’il fasse si beau. Un sac était posé au milieu du chemin. Mais que faisait-il là ? Qui l’avait posé ? Etait-ce une blague ? On aurait dit un sac d’écolier, comme ceux dans lequel ils rangent leurs livres et cahiers de classe. Il était en cuir, d’un beau cuir orangé, sa bandoulière étant plus foncée. Ces deux couleurs s’harmonisaient bien.
Quelqu’un attrapa le sac. C’était une petite fille. Elle le regarda avec attention, cherchant probablement un signe distinctif qui pourrait l’aider à retrouver son propriétaire. Puis, n’en ayant trouvé aucun à l’extérieur du sac, elle l’ouvrit. Peut-être contenait-il de quoi identifier son possesseur. Elle en sortit tout d’abord un stylo plume. Un beau stylo plume. On voyait qu’il avait été utilisé pendant des années, et pourtant il gardait toute sa splendeur d’antan. Sa plume était en or. Elle n’avait même pas terni au fil du temps. Quelqu’un devait la nettoyer assez régulièrement. Elle regarda s’il y avait une cartouche dans le stylo. Elle en trouva effectivement une, qui était pleine à moitié seulement. Hochant la tête, elle referma le stylo avant de s’installer sur l’herbe près du chemin pour être plus confortable.
Puis elle posa soigneusement le stylo sur son petit mouchoir, qui lui même était posé sur l’herbe verte. Car comme il avait plu longtemps, l’herbe était d’un vert saisissant. La petite fille sortit un deuxième objet du sac. Ils s’agissait d’une pipe. La petite fit une grimace car on lui avait appris que fumer faisait du mal aux poumons. Mais bientôt, elle haussa les épaules, car elle pensait que tout le monde avait sans doute un avis différent sur la question, puisque certains fumaient. Donc chacun avait droit à son propre avis et les fumeurs savaient probablement ce à quoi ils s’exposaient en fumant autant. Elle n’était pas bien placée pour juger le propriétaire du sac qui avait une pipe. Elle posa la pipe à côté du stylo pour l’observer. De même que le stylo, la pipe était comme neuve sauf qu’on voyait bien qu’elle avait été utilisée. Elle était simplement remarquablement entretenue. S’en désintéressant, elle passa à l’objet suivant.
C’était un petit carnet d’adresses. La plupart des adresses étaient à Paris. Et s’étaient des éditeurs. La petite fille allait à l’école tous les jours, et elle était le meilleure de sa classe en lecture. Elle était aussi intelligente. Elle comprit que le possesseur de ce sac était très probablement un écrivain. Elle avait déjà trouvé un beau stylo, et maintenant ce carnet d’adresse. Rempli d’adresses d’éditeurs ou d’autres auteurs. C’était forcément un auteur. Et même si elle avait trouvé une pipe, il n’était pas encore exclu que ce soit une femme. Après tout, les femmes pouvaient fumer aussi. Et puis ce pouvait être la pipe d’un pèere ou d’un grand-père gardée en souvenir. La petite fille posa le petit carnet près du stylo et de la pipe sur le mouchoir. L’objet d’après était un cahier. Un magnifique cahier. Quelqu’un avait écrit dedans. Et pour la petite fille il n’y avait plus de doutes : c’était une femme qui avait écrit cela. Elle l’ouvrit au hasard et commença à lire :
« La fillette sortit de la voiture. Elle était toute excitée car c’était la première fois qu’elle allait au zoo. Ses parents avaient bien voulu l’y emmener. Ils se trouvaient à présent à l’entrée du parc animalier, et elle trépignait d’impatience. Elle aurait voulu que la file avance plus vite pour qu’elle puisse voir les animaux tout de suite. Mais les gens semblaient ne pas se presser du tout. Lorsqu’ils entrèrent enfin, elle courut vers les singes pour leur dire bonjour. Ils la saluèrent en retour, la laissant toute souriante. Ses parents lui achetèrent une glace. Elle ne remarqua qu’elle était adossée à un enclos que quand elle sentit quelqu’un la pincer à l’épaule. Se retournant vivement, elle cria, effrayée. L’énorme tête d’une autruche grise lui faisait face. Elle se mit à courir le plus vite possible, aussi loin que ses petites jambes pouvaient la porter. Se réfugiant sur un banc de l’autre côté de l’allée, elle tenta de calmer son cœur battant. »
La petite fille se mit à rire en lisant les mésaventures de l’autre fillette. Elle était pratiquement sûre qu’elle aurait été capable de faire la même chose. D’ailleurs, elle n’était jamais allée dans un zoo non plus. Il faudrait qu’elle demande à ses parents de l’y emmener, comme ceux de la fillette avaient fait. Pour l’heure, elle résolut de retrouver l’écrivaine à qui appartenait ce sac. Elle avait entendu dire que les écrivains étaient tête en l’air. Peut-être cette dame avait-elle eu une idée d’histoire, et ne pensant plus à son sac, elle était allée l’écrire quelque part ? Elle allait la retrouver, coûte que coûte. Elle aurait bien aimé s’en faire une amie. Elle avait l’air gentille, d’après ce que contenait son sac. Elle demanderait à ses parents si une nouvelle voisine avait emménagé dans les environ. Elle lui rendrait son sac.
La petite fille rangea tous les objets dans le sac, puis elle se leva et courut sur la route, souriante.
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